L’enseignement de Benoît XVI sur la famille

En excellent pédagogue, lorsque Benoît XVI parle de la famille, ce n’est pas pour asséner des principes moraux, mais c’est toujours en la regardant « du côté de Dieu »…

C’est le projet divin qui fonde son enseignement ouvert à tout homme, puisqu’accessible par la raison humaine. « La famille, voie première de la rencontre de Dieu avec l’humanité. » (Angelus du 31 décembre 2006)

En huit années de Pontificat, Benoît XVI aura livré un message d’espérance, prenant en compte la situation contemporaine et invitant les hommes de bonne volonté à s’interroger eux-mêmes, sur eux-mêmes. C’est à partir de cette réflexion anthropologique, qu’il apporte l’éclairage nouveau de la Révélation et de la Tradition de l’Église, invitant alors les catholiques à faire briller pour le bien de tous cette Lumière. Il aura eu l’occasion de délivrer ce message par petites touches, chaque année à l’occasion de la prière de l’Angelus lors du dimanche de la fête de la Sainte Famille (fin décembre après Noël) ; lors des rencontres avec des évêques, prêtres et fidèles ; en participant à la Ve et à la VIIe Rencontre Mondiale des Familles à Valence en Espagne (1-9 juillet 2006) et à Milan en Italie (30 mai-3 juin 2012), il n’a pas pu se rendre à la VIe rencontre de Mexico au Mexique (13-18 janvier 2009).

Un message pour l’Humanité

Ainsi, lorsqu’il parle de la famille, de suite le Pape porte un regard universel. La famille concerne l’humanité : « la famille fondée sur le mariage constitue un “patrimoine de l’humanité”, une institution sociale fondamentale ; elle est la cellule vitale et le pilier de la société et cela concerne les croyants et les non-croyants. » (au Conseil Pontifical pour la famille le 13 mai 2006). « La famille est une institution intermédiaire entre l’individu et la société, et rien ne peut la remplacer totalement » (Ve rencontre mondiale des familles à Valence le 8 juillet 2006). « Personne ne peut ignorer ou sous-évaluer le rôle décisif de la famille, cellule de base de la société du point de vue démographique, éthique, pédagogique, économique et politique. Elle a une vocation naturelle à promouvoir la vie : elle accompagne les personnes dans leur croissance et les incite au développement mutuel par l’entraide réciproque. » (Message du 1er janvier 2013).

Lorsque l’Église est amenée à parler de l’Amour Humain dans le mariage, c’est un service qu’elle rend à l’humanité : « Ces principes ne sont pas des vérités de foi ; ils ne sont pas non plus seulement une conséquence du droit à la liberté religieuse. Ils sont inscrits dans la nature humaine elle-même, identifiables par la raison, et donc communs à toute l’humanité. L’action de l’Église en faveur de leur promotion ne revêt donc pas un caractère confessionnel mais s’adresse à toutes les personnes, quelle que soit leur appartenance religieuse. Cette action est d’autant plus nécessaire que ces principes sont niés ou mal compris, car cela constitue une offense faite à la vérité de la personne humaine, une grave blessure infligée à la justice et à la paix. » (Message du 1er janvier 2013).

Un message réaliste

Le pape ne livre pas un message utopiste, il sait combien la famille est secouée de par le monde. « La grande joie avec laquelle des familles provenant du monde entier se sont rencontrées à Milan a montré que, malgré toutes les impressions inverses, la famille est forte et vivante encore aujourd’hui. Cependant, la crise qui – particulièrement dans le monde occidental – la menace jusque dans ses fondements est aussi incontestable. il apparaît avec évidence que la question de la famille n’est pas seulement celle d’une forme sociale déterminée, mais celle de la question de l’être humain lui-même – de la question de ce qu’est l’être humain et de ce qu’il faut faire pour être de façon juste une personne humaine. Dans ce contexte, les défis sont complexes. » (Vœux à la Curie – 21 décembre 2012). « Les questions que vous posez assument, dans le contexte social actuel, ont une importance encore plus grande. Notre époque n’est pas facile, surtout pour vous, les jeunes. » (Rencontre avec les fiancés à Ancône le 11 septembre 2011).

Les interrogations contemporaines à la société, aux fidèles, aux pasteurs

L’équilibre de vie entre travail et vie de famille : « la priorité de l’emploi est fondamentale et la priorité de la famille (...) je voudrais inviter les employeurs à penser à aider pour que les deux priorités puissent être conciliées… » Réponse à une question de couple (Veillée de Milan le 2 juin 2012).

Face aux échecs

« Ce problème des divorcés remariés est une des grandes souffrances de l’Église d’aujourd’hui. Même sans la réception ‘corporelle’ du sacrement, nous pouvons être unis au Christ dans son Corps. Faire comprendre cela est important. » (Veillée de Milan le 2 juin 2012).

« Je voudrais réserver un mot aux fidèles qui, tout en partageant les enseignements de l’Église sur la famille, sont marqués par des expériences douloureuses d’échec et de séparation. Sachez que le Pape et l’Église vous soutiennent dans votre peine. Je vous encourage à rester unis à vos communautés, tout en souhaitant que les diocèses prennent des initiatives d’accueil et de proximités adéquates. » (Milan le 3 juin 2012)

Face à la société

« La famille et l’Église, de manière concrète les paroisses et les autres formes de communautés ecclésiales sont appelées à la plus étroite collaboration pour la tâche fondamentale que constituent, de manière indissociable, la formation de la personne et la transmission de la foi. » (Congrès diocésain à Rome le 6 juin 2006).

« Dans la mesure où la conception d’un État confessionnel est dépassée, il est clair, en tous cas, que ses lois doivent trouver justification et force dans la loi naturelle, qui est le fondement d’un ordre juste pour la dignité de la personne humaine, dépassant une conception purement positiviste, dont ne peuvent dériver des indications qui seraient, d’une manière ou d’une autre, à caractère éthique. » (cf. Discours au parlement allemand, 22 septembre 2011).

« Chacun peut alors voir que la législation et l’action des institutions étatiques doivent être en particulier au service de la famille, fondée sur le mariage et ouverte à la vie, et doivent également reconnaître le droit primaire des parents à la liberté d’éducation et de formation des enfants, selon le projet éducatif qu’ils jugent valable et pertinent. On ne rend pas justice à la famille si l’État ne soutient pas la liberté d’éducation pour le bien de la société tout entière.
Dans cette existence de l’État au service des citoyens, une collaboration constructive avec l’Église apparaît précieuse, non pas bien sûr dans la confusion des finalités et des rôles différents et distincts du pouvoir civil et de l’Église, mais pour la contribution que l’Église a apportée et qu’elle peut encore offrir à la société avec son expérience, sa doctrine, sa tradition, ses institutions et ses œuvres, avec lesquelles elle s’est mise au service du peuple. Il suffit de penser aux foules remarquables de saints de la charité, de l’école et de la culture, de saints qui ont prodigué des soins aux malades et aux exclus, et qui les ont servis et aimés comme l’on sert et l’on aime le Seigneur. » (Rencontre avec les autorités civiles à Milan le 2 juin 2012)


Benoit XVI guide la famille, recueil des enseignements présentés par le père Denis Metzinger, éditions ARTEGE, novembre 2012.

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