Ô croix dressées sur le mont

Paris Notre-Dame du 31 mars 2022

Après trois ans de restauration, le nouveau calvaire de St-Pierre de Montmartre a trouvé sa place au chevet de l’église, devenant le plus haut calvaire de Paris.

© Charlotte Reynaud

Quiconque passe par la rue du Chevalier de la Barre peut apercevoir, face au Sacré-Cœur et en surplomb de la rue, trois croix se dresser vers le ciel, érigées au chevet de St-Pierre de Montmartre (18e). Le Christ, très expressif, est entouré des deux larrons : le bon qui le regarde et le mauvais qui s’en détourne résolument. Plus haut calvaire de Paris, il s’offre de nouveau à la vue des passants, trois ans après la dépose du précédent calvaire, très abîmé, érigé en 1833 par l’abbé Ottin, qui avait fait construire un chemin de croix dans le jardin autour de l’église. Trois ans de restauration donc, pour un chantier entravé par la pandémie, financé par la fondation Frédéric de Sainte Opportune sous l’égide de la Fondation Notre Dame, mais dont la restauration et la maîtrise d’ouvrage ont été menées par la Conservation des œuvres d’art religieuses et civiles (Coarc). Un chantier qui a demandé de nombreuses interventions : « Au-delà de l’aspect “pure restauration” d’œuvre d’art, il a fallu intervenir sur la solidité de la structure, le poids, la prise au vent, témoigne Pauline Duée, conservatrice du patrimoine de la Coarc. La décision a été prise de refaire le calvaire à l’identique. Les sculptures en place, en ciment armé, étaient dans un état déplorable. La restauratrice, Sabine Cherki, les a reconstituées pour ensuite faire un moulage. » Les nouvelles sculptures ont été coulées en bronze, puis recouvertes d’une patine “ton pierre” pour redonner l’aspect original du ciment. Les croix ont été fabriquées en iroko, un bois réputé pour sa solidité.

Vendredi 18 mars, le calvaire a été béni par Mgr Georges Pontier, administrateur apostolique du diocèse de Paris. Une inauguration qui fait sens un vendredi de Carême, à quelques semaines de Pâques. « Un beau moment, se souvient le P. Alexandre Denis, à l’image de la bonne entente et de la parfaite collaboration qu’il y a eu sur ce projet. » Étaient présents, entre autres, l’adjointe à la Maire de Paris, le maire du 18e arrondissement de Paris, un député, le président de la République… de Montmartre, le P. Alexandre Denis, curé actuel, et le P. Patrice Sonnier, ancien curé qui avait lancé le projet de restauration, le mécène, et Christophe Rousselot, délégué de la Fondation Notre Dame : « Deux mondes, laïc et religieux, se sont rencontrés, avec le Christ au centre », s’amuse Renaud Kaeppelin, chargé de projet « patrimoine », pour la paroisse. Pour le P. Denis, « ce calvaire témoigne d’un lieu spirituel qui n’a jamais fini de vivre. L’église date du XIe siècle, le calvaire du XIXe, les rues alentour s’appellent « rue du calvaire » ou « des martyrs », et Montmartre signifie « mont des martyrs ». Nous sommes héritiers de cette histoire, des saints du quartier, et ce calvaire restauré témoigne qu’aujourd’hui encore, cet endroit est un lieu de prière. » Pour Renaud Kaeppelin, il s’agit aussi, grâce à la restauration du patrimoine, « de faire rayonner le visage du Christ dans le paysage urbain ». Douze à quinze millions de visiteurs grimpent à Montmartre chaque année. En haut de la butte, dans un coin de jardin face au Sacré-Cœur, une croix dressée sur le mont rappelle à chacun le Salut du monde.

Charlotte Reynaud

 Voir aussi la méditation et le commentaire de l’œuvre érigée au chevet de Saint-Pierre de Montmartre (18e), proposés avec la collaboration de la Commission diocésaine d’Art sacré.

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