Alexis Gruss : « Noël, c’est comme la piste : un perpétuel commencement »

Paris Notre-Dame du 14 décembre 2017

Paris Notre-Dame a rencontré Alexis Gruss sous son chapiteau, à deux semaines de la messe de Minuit traditionnellement célébrée sur la piste, le 24 décembre [2017]. Cette année, elle sera présidée par Mgr Denis Jachiet, évêque auxiliaire de Paris.

Alexis Gruss, maître écuyer et directeur du cirque éponyme, dans son bureau tapissé de souvenirs
© Laurence Faure

La roulotte colle le petit chapiteau d’entrée du Cirque Alexis Gruss. On grimpe quelques marches. Un premier bureau s’ouvre, guère différent de n’importe quel... bureau. Mais à gauche, une petite porte en bois cache un univers bien différent, tapissé de vinyles de jazz, de blues et de musique latino aux auteurs immortels, de photos-souvenirs et de gravures – parmi ces dernières, Arlequin et ses acolytes, mais aussi le Cirque d’été des Champs-Élysées au XIXe siècle. Un univers propre à Alexis Gruss et à sa vie peu commune. Celle d’un maître écuyer internationalement reconnu, trapéziste et acrobate, compositeur, mais aussi directeur de ce cirque à l’ancienne, promu Cirque national en 1981. Il recrute plus de 80 employés pour la saison d’hiver à Paris, d’octobre à mars. Dans son dernier spectacle équestre, Quintessence, se produisent 11 artistes « Gruss » et 11 acrobates de la Compagnie des Farfadais, aux côtés de 40 chevaux. « Je suis né dans la caravane de ma grand-mère maternelle », confie l’homme aux mains noueuses et au regard direct auquel il est impossible de se dérober. Le petit garçon qui exécute, à 7 ans, son premier numéro de voltige à cheval, est né en avril 1944. À l’époque, plus de 300 personnes sont employées par son père, André Gruss, qui déplace le cirque tous les jours. L’intérieur feutré de la roulotte nous plonge dans un autre temps. Comme cette photo de Jean-Paul II, une croix en bois sur l’épaule, qui témoigne des trois rencontres privées entre l’homme en blanc et l’écuyer.

Dès 8h, le maître entraîne ses chevaux sur la piste de 13 mètres de diamètre, aux côtés de ses petits-fils, jumeaux, Charles et Alexandre : la 6e génération Gruss en piste. « Prends garde à tes mouvements », entend-on depuis les gradins circulaires, vides. L’éducation est le leitmotiv de cet homme à l’exigence bienveillante : « Comme sa racine latine l’indique, l’éducation conduit à l’extérieur pour grandir. Elle mène à l’espérance, qui mène à la foi. Cette dernière conduit à l’amour, qui conduit à l’éternité. »

Et la messe de Minuit dans tout cela ? Une « évidence » pour ce catholique qui a hérité de la foi de sa mère, aux origines italiennes : « J’ai toujours vu la messe de Minuit célébrée sur notre piste, comme nos baptêmes ou nos mariages. » Et de se souvenir : « Durant l’hiver 1972, une messe de Minuit, qui n’avait pu être célébrée dans une station de métro du 16e arrondissement, comme cela se faisait parfois, se tint alors dans notre cirque. Nous ouvrions pour la première fois notre traditionnelle messe familiale au public. » Depuis, cette messe accueille chaque année 3000 personnes, sous une simple croix blanche, autour d’un carré de paille. Tout un symbole : « Notre piste est un espace scénique fertile, par la matière et par la forme : les chevaux tournent, certes, mais il n’y a pas deux tours identiques. Chaque tour est un commencement, comme Noël. » Et sa foi ? Elle se concentre principalement dans une prière ; et pas n’importe laquelle : celle de Charles de Foucauld. « Fais de moi ce qu’il te plaira, murmure le voltigeur Gruss. Quoique tu fasses de moi, je te remercie. […] Car tu es mon Père. » Laurence Faure

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