Changer le regard des jeunes sur les migrants

Paris Notre-Dame du 27 juillet 2017

Afin de briser les préjugés et d’ouvrir les cœurs, le Vicariat pour la solidarité du diocèse a conçu des outils pour sensibiliser les lycéens à la situation des migrants. Explications avec Brigitte Guéras, responsable de ces initiatives.

Un support pédagogique, réalisé par le Vicariat pour la solidarité, qui retrace le parcours de migrants.
© Céline Marcon

Paris Notre-Dame – Pourquoi le Vicariat pour la solidarité s’est-il lancé dans ce projet ?

Brigitte Guéras – Au départ, ce sont des établissements scolaires qui nous ont demandé d’intervenir auprès de leurs classes de secondes et de premières. Nous avons souhaité développer cette sensibilisation, car les jeunes construiront le monde de demain. C’est capital d’ouvrir leur regard sur les migrants, de briser leurs préjugés, de les aider à ne pas devenir des adultes égoïstes qui pensent seulement à leur confort personnel. C’est l’ignorance qui érige les murs de la peur. Nous avons ainsi conçu des formations pour qu’ils se forgent leur propre opinion. Nous nous appuyons notamment sur un support pédagogique que nous avons conçu : En route vers l’Europe, des réfugiés témoignent.

P. N.-D. – Quel est le principe de ce support ?

B. G. – C’est une sorte de « jeu » qui retrace les parcours de cinq migrants (Afghan, Syrien, Malien, Nigérian et Érythréen). Sur une grande carte du monde, les lycéens déplacent des pions pour découvrir chaque étape de leur voyage, dont l’exil vers la France a parfois duré plusieurs années, avec des détails sur ce qu’ils ont vécu et sur l’argent qu’ils ont dépensé. Cet outil pédagogique permet de rendre plus concret ce que vivent les migrants. Ce sont des vraies histoires. Avec mon mari, nous avons recueilli les témoignages auprès d’hommes et de femmes que nous avons rencontrés sur les trottoirs de la Porte de la chapelle (18e) et auxquels nous avons donné des cours de français pendant plusieurs mois. Leurs récits de vie sont très durs : certains ont été victimes du trafic d’organes, ont subi la prison et la torture, et/ou ont été violés. Nous pouvons, cependant, donner des lueurs d’espérance aux jeunes, car certains de ces migrants ont aujourd’hui trouvé du travail ou commencé des études en France. C’est une manière de leur montrer qu’on peut rendre l’humanité à ces personnes. Après ces séances, nous organisons des rencontres avec des migrants et des temps de service dans des associations.

P. N.-D. – Comment réagissent les lycéens ?

B. G. – Ils découvrent les récits avec stupeur et souvent changent de regard sur les migrants. J’ai été surprise de voir à quel point ils étaient respectueux et soucieux de vouloir comprendre les histoires de ces hommes et femmes exilés. Les jeunes ne sont pas égoïstes, au contraire de ce que certains pensent. L’année prochaine, nous élaborerons un nouvel outil, avec l’aide d’un groupe de lycéennes qui a manifesté l’envie d’approfondir le sujet. Nous voulons raconter la suite, l’intégration en France. Ce sera l’occasion de réfléchir à la manière dont nous pouvons aider les migrants à construire leur nouvelle vie.

Propos recueillis par Céline Marcon

Pour commander des outils conçus pour les lycées et aumôneries, ou demander l’organisation d’une formation : 01 78 91 92 40 ; vicariat.solidarite@diocese-paris.net

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