Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe du Frat de Jambville

Jambville (78) - Dimanche 9 juin 2019

 Voir le compte-rendu du Frat 2019.

– Solennité de la Pentecôte

- Ac 2, 1-11 ; Ps 103 ; Rm 8, 8-17 ; Jn 14, 15-16.23b-26

Pendant tout ce Frat on nous a parlé d’ « être saint ». Est-ce que l’on choisit d’être saint ? Choisir, c’est être libre. Mais certains d’entre vous ont pu dire : « Je n’ai pas choisi d’être baptisé ». C’est vrai pour tous ceux qui ont été baptisé quand ils étaient bébés.

Mais, au fait, avez-vous choisi de naître ? Avez-vous choisi vos parents ? Avez-vous choisi d’aller à l’école ? Non, l’école est obligatoire. Vous n’avez pas le choix et pourtant vous trouvez cela normal. Vous croyez que c’est utile pour trouver sa place dans la société. Et le baptême ? N’est-ce pas utile pour trouver sa place dans le cœur de Dieu, pour être saint ?

Avez-vous choisi Dieu ? Non. C’est bien d’ailleurs ce que Jésus nous dit : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis ». Alors qu’est-ce que l’on choisit au juste ? Quel est l’espace de notre liberté ? Même sur ce qui nous paraît évident comme la manière de s’habiller, de manger, de sortir, nous voyons bien que nous sommes soumis à des choses extérieures : le regard des copains et copines. On chercha à être comme les autres. Nous aussi on a été adolescents même s’il y a longtemps et je sais bien qu’il est difficile d’être différent sans s’exposer à des moqueries parfois bien cruelles.

Alors, quand et où peut-on faire un vrai choix ?

Moi j’ai appris la liberté dans la prière dans le secret de ma chambre. Là où Dieu seul me voit. Il connaît le fond de mon cœur et je n’ai pas à faire semblant. C’est ainsi que j’ai appris la liberté et peu à peu à échapper aux obligations de la comédie humaine et des faux-semblants.

Il est vrai que j’avais fait un choix, celui de devenir médecin. Ensuite, je pensais me marier et fonder une famille. C’était vraiment mon choix personnel. Le jour où j’ai entendu l’appel de Dieu à tout abandonner pour le suivre, cela a été très difficile car il me fallait passer d’un choix personnel à l’acceptation du choix de Dieu. Je choisis ou je suis choisi ? Même si je suis choisi, il me faut quand même exercer ma liberté : je réponds oui ou je réponds non. J’étais sûr alors que le Seigneur m’aimerait tout autant si je répondais oui ou non. Mais il ne s’agissait pas de l’amour de Dieu pour moi mais de mon amour pour lui. Est-ce que j’aime suffisamment pour dire oui, pour donner ma vie ?

A la Pentecôte, nous fêtons le don du Saint Esprit aux apôtres. Saint Paul nous dit que l’Esprit Saint ne fait pas de nous des esclaves, mais des fils.

Être esclave, c’est être dépendant, pas seulement de la drogue, de l’alcool ou de substances toxiques, mais aussi, nous le savons bien, du regard des autres et de bien d’autres obligations.

Être fils, c’est apprendre à être libre, apprendre cette liberté de Jésus, le Fils de Dieu qui nous a dit : « Ma vie nul ne la prend, c’est moi qui la donne ». Donner sa vie par amour, c’est la clé de la liberté. Donner sa vie par amour est un choix, un vrai choix, parce qu’il y a pas d’amour sans liberté. Donner sa vie est la forme suprême de l’amour. Jésus nous dit :

« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15, 13).

Donner sa vie par amour c’est être saint, comme Mère Teresa, François d’Assise et tant d’autres chrétiens qui ont illuminé l’Église. Comme eux, devenons des témoins, apprenons à nous servir de la liberté pour aimer davantage.

+Michel Aupetit, archevêque de Paris.

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