Homélie du Cardinal André Vingt-Trois - Messe du rassemblement des servants d’autel et servantes d’assemblée à ND – Deuxième dimanche de Pâques – Messe du dimanche in albis et de la Divine Miséricorde – Année B

Samedi 11 avril 2015 - Notre-Dame de Paris

Sans avoir vu le corps de Jésus ressuscité, nous croyons.Notre foi repose sur des témoignages. L’Église rassemble les chrétiens chaque dimanche pour célébrer la résurrection du Christ ; c’est un signe que Jésus agit dans le cœur des hommes. Le service de l’autel et de l’assemblée contribue à mieux faire apparaître la présence du Christ parmi les participants.

 Ac 4, 32-35 ; Ps 117 1.4.16-17.22-25 ; 1 Jn 5,1-6 ; Jn 20, 19-31

Chers Amis,

Nous faisons partie de celles et de ceux qui sont bienheureux : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu » (Jn 20,29). Aucune et aucun d’entre nous n’a vu Jésus, ni pendant ses années de vie terrestre, ni après sa résurrection. Et pourtant, nous croyons en lui. Nous croyons qu’il est ressuscité, nous croyons qu’il est vivant et qu’il continue de vivre auprès de son Père. Nous ne l’avons pas vu de nos yeux, nos mains n’ont pas touché son corps ressuscité, et nous n’avons pas comme Thomas mis nos doigts dans ses plaies, et pourtant nous croyons.

Comment pouvons-nous croire sans avoir vu ? Nous croyons parce que nous avons reçu le témoignage de ceux qui ont vu, le témoignage des disciples auxquels Jésus est apparu, y compris Thomas, le témoignage des évangiles qui nous rappellent ce que Jésus a fait et ce que Jésus a dit, le témoignage de celles et de ceux qui ont reçu l’Esprit Saint au moment de la Pentecôte et qui sont devenus témoins du Christ ressuscité. Notre foi au Christ repose sur la confiance que nous pouvons faire à ces témoignages. En plus de ces témoignages, de ces paroles qui nous annoncent le Christ ressuscité, nous avons quand même quelque chose à voir… Chaque fois que nous célébrons l’eucharistie, chaque fois que le prêtre prononce les paroles de Jésus : « Ceci est mon corps livré pour vous », chaque fois qu’il montre le pain consacré devenu le corps du Christ, nous voyons bien quelque chose. Nous ne voyons pas Jésus ressuscité mais nous voyons le signe de sa présence réelle au cœur de son Église. Celui qui voit avec le regard de la foi reconnaît le Christ vivant dans l’hostie consacrée corps du Christ. Nous voyons l’Église assemblée chaque dimanche autour de l’autel pour célébrer la résurrection du Christ. Comme nous le rappelait le Livre des Actes des Apôtres « la multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul cœur et une seule âme » (Ac 4,32). Toutes ces assemblées eucharistiques auxquelles nous participons dimanche après dimanche sont des signes visibles que le Christ agit au cœur des hommes. Ainsi, notre foi repose sur une parole que nous recevons comme Parole de Dieu, sur des sacrements que nous célébrons comme signes de la présence et de l’action du Christ, sur l’Église dans laquelle nous sommes entrés par le baptême et au cœur de laquelle nous vivons notre vie chrétienne.

C’est pourquoi il est si important que la célébration de la messe chaque dimanche dans nos paroisses évoque le mieux possible cette présence du Christ. C’est pourquoi il est si important que la parole soit bien annoncée, correctement prononcée, attentivement écoutée, profondément méditée. C’est pourquoi il est si important que les gestes et les paroles que le prêtre accomplit et prononce au nom du Christ le soient de manière belle et visible. C’est pourquoi il est si important que l’assemblée des chrétiens soit paisible, pacifique et fraternelle. Par votre service à l’autel et par votre service de l’assemblée, vous contribuez et vous permettez que ces célébrations soient les plus belles et les plus vraies. Ainsi, pour tous ceux qui y participent, la présence vivante du Christ devient quelque chose que l’on ne voit pas des yeux mais qui est perçu dans le cœur, compris dans l’esprit, et devient une réalité qui donne son sens à notre présence.

En rendant ce service à la communauté, vous-mêmes, vous apprenez de mieux en mieux à accueillir cette parole du Christ, à la transmettre, à recevoir sa présence dans l’eucharistie, à permettre à tous les chrétiens de mieux participer à la messe. C’est un grand service qui vous est confié dans l’Église, et c’est pourquoi il est tellement important que vous accomplissiez ce service avec beaucoup de foi, de conviction et d’humilité. On n’est pas servant d’autel ou servante d’assemblée pour se faire photographier ou pour apparaître au premier rang dans les assemblées ! On est servant d’autel et servante d’assemblée au service de celles et de ceux qui viennent participer à la messe et avec eux au service du Seigneur qui se rend présent.

Aujourd’hui, vous avez réfléchi sur cette parole de l’Écriture : « parle, Seigneur, ton serviteur écoute ! » (1 S 3,10b). C’est cette parole qui est le fondement de notre foi. C’est parce que nous recevons cette parole avec confiance que nous croyons que Jésus est ressuscité et vivant et qu’il nous fait vivre pour le bien de toute l’humanité.

Pendant quelques instants de silence, je vous propose d’accueillir cette parole au fond de vos cœurs. Amen.

+ André cardinal Vingt-Trois, archevêque de Paris.

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