L’Europe, une construction à poursuivre

Paris Notre-Dame du 8 mai 2014

P. N.-D. – Dans un texte publié le 20 mars par la Commission des conférences épiscopales de la communauté européenne (COMECE), les évêques d’Europe rappellent les défis actuels de l’Union européenne. Quels sont-ils ?

Mgr Jean-Pierre Grallet, archevêque de Strasbourg et représentant des évêques de France à la COMECE.
© Alsace média

Mgr Jean-Pierre Grallet – Avant tout, je tiens à souligner ce que l’Europe a d’abord apporté aux nations. Depuis soixante-dix ans, deux peuples autrefois ennemis sont en paix. Une paix qui s’est étendue à tous les peuples voisins. C’est considérable ! Depuis, des liens se sont construits : collaborations scientifique, technique, commerciale, circulation des personnes et des biens, dialogues culturels et religieux, début d’une défense commune, etc. Mais il reste encore beaucoup à faire : comment fixer les limites géographiques de l’Europe ? Comment rapprocher les institutions et les citoyens, les rassembler autour de valeurs et de symboles forts qui suscitent davantage d’adhésion ? Il y a enfin de nombreux autres enjeux liés à l’économie, à la migration et à l’écologie.

P. N.-D. – Pourquoi appelez-vous les chrétiens à voter le dimanche 25 mai ?

Mgr J.-P. Grallet – Les élections européennes qui s’annoncent sont l’occasion pour nous de dire fortement notre reconnaissance à l’Europe, mais aussi nos attentes et notre engagement envers elle. Il serait regrettable que nous nous laissions aller au scepticisme et à la passivité. Ne soyons pas ingrats au point de charger l’Europe de toutes nos difficultés présentes, ni irresponsables au point de considérer qu’il n’y a rien à dire ni à faire. Au sein de la COMECE, nous analysons les grandes questions débattues au Parlement européen. De bonnes choses s’y passent ! Actuellement, la question religieuse est au centre des intérêts. Nous nous réjouissons ainsi de l’adoption des lignes directrices de l’Union européenne sur la promotion et la protection de la liberté de religion ou de conviction. Notre engagement, celui de chaque Européen, est indispensable. Voter est un droit. Ne nous y dérobons pas.

P. N.-D. – La COMECE a donné des éclairages pour les électeurs catholiques. Quelles sont les plus importants ?

Mgr J.-P. Grallet – Parmi ces orientations, je citerai l’attention au bien commun. Comme le dit le texte de la COMECE, « chaque citoyen, chaque communauté et chaque État-nation doit être capable de mettre de côté ses intérêts particuliers » au bénéfice de tous. Soyons pour la communauté et la communauté sera pour nous ! Il s’agit de porter ensemble les fardeaux des uns et des autres. Par exemple, face au problème de la migration des Roms, nous devrions aider la Roumanie à s’occuper de ces populations fragiles, sans les stigmatiser ni laisser à d’autres le soin de régler cette difficulté. La solidarité doit rester un principe fondamental de l’Europe. C’est un des premiers principes de la doctrine sociale de l’Église. L’Europe doit aussi protéger le jour de repos commun hebdomadaire qu’est le dimanche. Respecter cela, c’est permettre aux personnes de ne pas être enchaînées à la seule logique du travail matériel, mais de goûter aussi aux joies de la vie spirituelle, de la rencontre, de la prière et du repos. • Propos recueillis par Agnès de Gélis

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