La question du sacerdoce, au cœur de l’action du cardinal Lustiger

P. Gérard Pelletier, coorganisateur du colloque, enseignant à la Faculté Notre-Dame et chapelain à N.-D. de Paris.
© Notre-Dame de Paris

P.N.-D. -« Le cardinal Lustiger et le sacerdoce », tel est le thème d’un colloque organisé les 4 et 5 mars au Collège des Bernardins par l’Institut Jean-Marie Lustiger, avec le Séminaire de Paris et la Faculté Notre-Dame. Pourquoi avoir choisi d’aborder ce sujet ?

P. Gérard Pelletier – Dans le souvenir des catholiques parisiens, je pense que l’image principale qui reste du cardinal Lustiger est celle du pasteur présidant les offices. Il exerçait son sacerdoce avec une présence qui exprimait particulièrement sa foi. Après avoir traité du rapport à la politique et à l’Europe dans les deux premiers colloques, il convenait d’aborder un sujet plus théologique et central dans le ministère du cardinal Lustiger. Notre regard sera en partie historique. Mais notre objectif est surtout de présenter les intuitions fortes du Cardinal : la revalorisation du rôle de l’évêque comme enseignant de son peuple, le caractère diocésain de la formation des prêtres, la place d’une vie fraternelle dès la formation pour ancrer dans la charité l’exercice futur du ministère, l’importance de former non seulement des prêtres, mais l’ensemble du peuple de Dieu dans une connaissance renouvelée de l’Écriture et de la Tradition.

P.N.-D. – Que la été l’impact de cette vision du sacerdoce ?

P. Gérard Pelletier - Ce furent d’abord des années de création : l’École Cathédrale à partir de la formation des responsables et des cours publics, la Maison Saint-Augustin pour la fondation spirituelle des futurs séminaristes, puis les différentes Maisons du Séminaire, et donc nécessairement un Studium, qui est devenu la Faculté Notre-Dame et s’est installée depuis au Collège des Bernardins. Il a aussi eu la volonté de répartir les prêtres dans les diocèses avec un projet missionnaire précis, amenant la création de la Fraternité Missionnaire des Prêtres pour la Ville (FMPV). En tout cela, il ne s’agissait pas de réinventer le sacerdoce apostolique comme si rien ne se faisait avant, mais de le recevoir à nouveau du Christ et des apôtres avec une nouvelle fécondité. Le Cardinal ne nous promettait jamais une vie facile, mais les joies authentiques du mystère pascal.

P.N.-D. - En quoi ce regard du cardinal Lustiger continue-t-il à marquer profondément l’Église parisienne ?

P. Gérard Pelletier - Il aura, par son ministère, marqué et formé plusieurs générations de chrétiens et fondé des institutions qui continuent leurs missions. Il tenait à sortir l’Église, c’est-à dire chacun de nous, d’un clivage droite/gauche ou conservateurs/progressistes qui anesthésiait toute vitalité missionnaire, et ce par un retour aux sources. A nous de continuer à aller de l’avant dans la dynamique qu’il a lancée, sans fausses nostalgies, et en vivant l’Évangile dans un monde qui continue d’évoluer et qui nécessite de s’adapter. Le Cardinal n’a jamais prétendu avoir des recettes immuables et universelles, il disait parfois aux séminaristes : « Vous verrez bien et vous vous débrouillerez comme chaque génération avant vous… ». • Propos recueillis par Pierre-Louis Lensel

Fraternité Missionnaire des Prêtres pour la Ville (FMPV)