Œcuménisme : Installation de Mgr Justin Jeremic

Le dimanche 8 octobre 2022 l’Église orthodoxe serbe a accueilli le nouvel évêque de son diocèse d’Europe occidentale, Mgr Justin.

Le dimanche 8 octobre 2022, l’Église orthodoxe serbe a pourvu à l’installation du nouvel évêque Mgr Justin (Jeremić) sur le siège du diocèse d’Europe occidentale. Mgr Justin a reçu la consécration épiscopale à Belgrade et y a exercé la charge de vicaire épiscopal auprès du patriarche. Son intronisation comme évêque de son nouveau diocèse s’est faite pendant la célébration de la divine liturgie dans l’église Saint-Sava, 23 rue du Simplon dans le 18e arrondissement de Paris (près de la Porte de Clignancourt). Le patriarche Porphyre (Prvoslav Perić) avait fait le déplacement avec une bonne partie du synode de l’Église serbe, une quinzaine d’évêques.

Communion orthodoxe

Ce fut un événement de communion intra orthodoxe malgré une situation tendue au sommet des Églises orthodoxes. Le métropolite de France, Dimitrios, représentant du patriarcat de Constantinople, siégeait, à côté du métropolite Jean de Doubna (rue Daru) et de l’archevêque Nestor (quai Branly) du diocèse de Chersonèse du patriarcat de Moscou. Mgr Joseph Pop du patriarcat de Roumanie et d’autres évêques de diverses juridictions orthodoxes étaient aussi présents. Mgr Justin a exprimé sa volonté de contribuer au témoignage commun de l’orthodoxie en France : « Nous allons, chers frères, partager la même ascèse de témoignage du mystère de la croix et de la résurrection du Christ Dieu-homme dans les contrées d’Europe occidentale. Je prie que ce soit toujours d’une seule voix et d’un seul cœur, dans l’amour, dans l’unité de la foi et de la communion du Saint-Esprit. J’espère et je m’efforcerai d’être un membre utile des conseils épiscopaux de France, des pays du Benelux et de la péninsule ibérique. »

Fraternité chrétienne

Cette célébration était aussi un événement œcuménique, puisque qu’étaient invités Mgr Laurent Ulrich qui fut représenté par son vicaire épiscopal le chanoine Jérôme Bascoul, la pasteure Anne-Laure Danet qui représentait la Fédération Protestante de France et le Conseil des Églises Chrétiennes en France, le père Jaromír Zádrapa du Secrétariat pour la promotion de l’unité des chrétiens et le frère Luc de Taizé.

Les agapes

Après la liturgie un banquet a rassemblé autour du patriarche et du nouvel évêque de nombreuses personnes dans une ambiance conviviale et musicale. Étaient présents deux membres du gouvernement de la République de Serbie, Nikola Selaković – ministre des Affaires étrangères – et Nenad Popović – ministre sans portefeuille –, l’ambassadeur de Serbie en France, Nataša Marić et la Représentante permanente de la République de Serbie auprès de l’UNESCO, Tamara Rastorac Siamashvili. Un représentant du Quai d’Orsay et d’autres officiels, ainsi que les évêques, les prêtres et leurs familles et des fidèles diocésains ont partagé ce moment joyeux. Les nombreux fidèles serbes qui n’avaient pas pu entrer dans l’église Saint-Sava se retrouvaient dans les cafés et restaurants serbes de la rue du Simplon qui avait ce dimanche un petit air de Belgrade.

Soubresauts de l’histoire des Serbes

Les populations orthodoxes des Balkans occidentaux ont une histoire tumultueuse et bien souvent dramatique, en particulier les Serbes à cause des soulèvements contre l’autorité ottomane et des répressions qui s’en suivirent. Au XVIIIe siècle, des migrations de populations serbes vers les territoires de l’empire des Habsbourg ont eu lieu. La première guerre mondiale fut déclenchée après l’attentat de Sarajevo contre l’héritier du trône de l’empire austro-hongrois par un militant nationaliste serbe de Bosnie. Les pressions nationalistes et celles des puissances occidentales ont exacerbé jusqu’à aujourd’hui les tensions entre les peuples des Balkans. Les Serbes se sont trouvés répartis dans le royaume de Yougoslavie, puis dans le cadre de la République fédérative socialiste de Yougoslavie en Croatie, en Bosnie-Herzégovine, en Macédoine (du Nord). Récemment à l’occasion de la guerre civile qui a suivi la dissolution de la Yougoslavie (1992-1995), cette situation a pu être instrumentalisée par les responsables politiques serbes pour nourrir l’idée d’une « grande Serbie », ce qui est considéré par les autres peuples balkaniques comme une volonté hégémonique.

Territoire et identité culturelle

Au sud de la Serbie se trouve le Kosovo, région qui porte le nom de la bataille du 13 juin 1389 où les princes serbes résistèrent farouchement aux Ottomans. Par ailleurs, cette région conserve de nombreux témoins de la culture serbe comme les monastères de Dečani, de Peć, siège historique du patriarcat de Serbie, de Gračanica et de la Vierge de Leviša. Les Serbes sont au cours du siècle dernier devenus de moins en moins nombreux et les suites de la guerre civile de 1999 ont encore réduit la population. Cependant, cette région où furent fondés de nombreux monastères est affectivement le creuset de la culture et de l’identité serbe. Aujourd’hui le Kosovo dont le statut international est controversé est une région à majorité albanaise La fin de la guerre (1998-1999) a entraîné des exactions contre les personnes et des destructions de biens. La religion est plus que jamais une des composantes de l’identité des peuples balkaniques : serbe donc orthodoxe, croate donc catholique, bosniaque donc musulman, les bosniens étant les habitants de Bosnie, qu’ils soient serbes, croates ou musulmans (les Musulmans de Bosnie sont une nation dans la Yougoslavie de Tito). La guerre civile a provoqué des mouvements de regroupement homogène de populations, le phénomène de migration à l’étranger étant motivé par des raisons économiques.

Une Église serbe multinationale

La république de Serbie est habitée aujourd’hui par environ 7 millions d’habitants, mais il y a des populations serbes dans les nouveaux États environnants, issus de l’ex-Yougoslavie. Sur le plan de l’organisation ecclésiale, l’Église orthodoxe est répartie en 14 diocèses en Serbie, 5 en Bosnie-Herzégovine, 5 en Croatie, 1 au Kosovo, 2 au Monténégro. Quatre évêques desservent la Macédoine du Nord, compte tenu de la proclamation unilatérale en 1967 de son autocéphalie de l’Église orthodoxe macédonienne. Cette situation de rupture de la communion entre Belgrade et Skopje s’est résolue en 2022 quand l’Église orthodoxe serbe a reconnu l’autonomie de l’Église orthodoxe macédonienne. Depuis 2021, Sa Sainteté Porphyre préside comme patriarche le Saint-Synode de l’Église orthodoxe serbe. Il est archevêque de Peć, siège historique du Kosovo, et métropolite de Belgrade et Karlovci, siège de Voïvodine.

Une Église serbe en diaspora

Au-delà des Balkans, les migrations serbes plus récentes ont nécessité la fondation d’éparchies (diocèses) en Europe centrale (Roumanie, Bulgarie), en Europe occidentale, en Europe du Nord (Grande Bretagne et Scandinavie), quatre éparchies aux États-Unis dont celle de Los Angeles et d’Amérique occidentale, une au Canada, une en Argentine et une en Australie.

Une communion retrouvée

Était présent le 9 octobre à Paris le métropolite pour l’Europe, Mgr Pimen de l’Église orthodoxe macédonienne – Archevêché d’Ohrid, toute nouvelle Église orthodoxe autocéphale. C’est un signe heureux du dépassement d’une situation de schisme. Le 5 juin 2022, l’Église locale macédonienne a reçu à Belgrade, des mains du patriarche Porphyre, le tomos (décret) d’autocéphalie. Elle est reconnue par toutes les autres Églises orthodoxes. En revanche, la situation de l’Église orthodoxe au Monténégro reste à ce jour traversée par des tensions.

En conclusion, l’Église orthodoxe de Serbie est toujours confrontée au défi que représentent les conséquences de la guerre civile en ex-Yougoslavie. Elle est une Église transnationale qui a 15 éparchies sur le territoire de la République serbe, 14 dans les entités nationales voisines, sans compter les éparchies constituées pour les diasporas.

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