Au cœur de la basilique, un refuge pour les plus fragiles

Paris Notre-Dame du 23 avril 2020

Depuis le 6 avril, une dizaine de femmes en grande précarité sont hébergées dans les locaux de l’hôtellerie de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre. Issues de la rue, elles ont été prises en charge par l’association Aux Captifs, la libération, le temps du confinement.

© Aux Captifs, la libération

Elles sont douze, bientôt quinze. Elles viennent de la rue pour certaines, ont été expulsées de leur logement faute de pouvoir payer leur loyer pour d’autres, et vivaient depuis dans des squats ou des gymnases… « Elles nous arrivent fragilisées par ce qu’elles ont vécu, explique Alison, travailleuse sociale de l’association Aux Captifs, la libération, chargée de l’organisation sur place. La plupart sont très préoccupées par leur santé. Alors on fait un point avec elles et un de nos permanents, qui est infirmier. Et pour celles qui souffrent de maladies chroniques, on engage des démarches de soins. » Sollicitée par le diocèse, la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre leur a tout de suite ouvert ses portes. « La communauté était prête pour une telle demande, explique Sr Marie Agathe, bénédictine du Sacré-Cœur, responsable de la Maison Ephrem, l’hôtellerie de la basilique. Nos locaux sont grands et depuis la fermeture de la basilique au public, ils étaient vides. Nous souhaitions qu’ils servent. » La demande du diocèse a été reçue « comme un appel du Seigneur, une mise en oeuvre de la charité, discrète mais réelle. Un peu à l’image du Christ en mosaïques, qui orne le chœur de la basilique, ouvrant grand ses bras pour accueillir ceux qui viennent à lui. »

Établir des règles strictes

Avant toutes choses, il a fallu établir des règles strictes, car par mesure de sécurité sanitaire les deux communautés ne pouvaient se croiser : « C’était une des conditions posées par le recteur de la basilique, afin de respecter le confinement et la sécurité de chacune, détaille Véronique Lévêque, directrice du centre Valgiros, qui a initié le projet. Dès le départ, nous avons établi un cadre clair : des sorties limitées, deux fois par semaine uniquement, le port du masque dans les parties communes, un lavage des mains régulier et la prise de température matin et soir. » À ce jour, aucun cas de Covid-19 n’a été déclaré. Et peu à peu les habitudes ont été prises. « Au départ, explique Alison, nous ne savions pas trop comment elles allaient réagir à ce confinement. Passer du dehors au-dedans, avec un long parcours de rue pour certaines, n’avait rien d’évident. Nous leur avons laissé à toutes le temps de réfléchir. Deux ou trois ont décidé de partir. Les autres sont restées. Elles ont bien compris que ces règles étaient là, d’abord, pour les protéger. » Ici, à l’ombre du Sacré-Cœur, ces femmes se sentent à l’abri, au moins pour un temps. Protégées par la basilique, « privilégiées presque », sourit Alison. Quant à l’avenir, si « on ne peut rien promettre, on peut préparer la suite et les accompagner dans leurs démarches administratives. Aux Captifs, nous essayons toujours de créer du lien. J’espère que par ce biais, et grâce à ce séjour, elles pourront se rapprocher des institutions. » Du côté de la communauté bénédictine, on espère bien, le jour où prendra fin le confinement, pouvoir enfin les rencontrer et leur parler. En attendant, insiste Sr Marie Agathe, « nous prions pour elles chaque jour. Nous connaissons chacun de leur prénom et nous les portons dans nos intentions ».

Priscilia de Selve @Sarran39

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