Homélie de Mgr Michel Aupetit – Appel décisif des catéchumènes adultes

Saint-Sulpice (6e) - Samedi 29 février 2020

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 Col 3, 12-17 ; Ps 24 ; Mc 10, 46-52

Chers amis ! Voici donc ce moment important qui marque notre entrée en carême : l’appel décisif. Il s’agit donc d’un appel. Mais qui appelle ? Dieu ! Son appel passe par l’Église fondée par le Christ. Vous avez remarqué que dans cet évangile, Jésus dit : « Appelez-le ! » Mais ce sont les disciples de Jésus qui viennent vers cet homme et qui l’appellent : « Confiance, lève-toi, il t’appelle » (Mc 10,49). Est-ce que l’appel de Dieu se fait au hasard, à la cantonade ? Non. Ce n’est pas une foule qui est appelée. Chacun est unique, chacun a une histoire. Voilà pourquoi vous écrivez personnellement une lettre.

Cet homme de l’évangile s’appelle Bartimée. Il a un nom qui le fait connaître et reconnaître par ses semblables. Vous allez être appelés chacun par votre nom. Cela signifie que vous êtes unique aux yeux de Dieu. On dit que personne n’est irremplaçable. C’est vrai que l’on peut vous remplacer dans ce que vous faites. On ne peut pas vous remplacer dans ce que vous êtes.

Ce Bartimée ne vient pas de nulle part. Il est le fils de Timée. Il s’inscrit dans une famille, une génération. Il n’est pas un objet manufacturé, fabriqué, jetable. Il est conçu par ses parents et voulu par Dieu dans la grande histoire de la création.

Avant l’appel de Jésus, il y a une rencontre plus ou moins difficile. Bartimée entend parler de Jésus. Dans sa détresse, il se dit que celui-ci peut faire quelque chose pour lui. Alors il appelle Jésus en premier : « Jésus, fils de David, prends pitié de moi » ! Quelquefois ce cri peut-être étouffé. Des gens veulent le faire taire. Pour nous aussi il peut arriver que des personnes refusent que nous interpellions Jésus. Ils disent : « Ce n’est pas pour toi », « Si tu fais cela, tu nous trahis ». Ou encore : « N’y va pas, ou nous te désavouons… ». Quelquefois même, et c’est pire, c’est une petite voix, une mauvaise voix qui dans notre cœur nous dit : « Tu n’es pas digne ».

Mais vous, comme Bartimée, vous ne vous êtes pas laissé impressionner. Cet aveugle a bondi à l’appel de Jésus, il se moque du regard des autres, il jette son manteau, il n’a même pas peur de chuter sur une pierre. Vous aussi, vous avez répondu à l’appel du Christ, quelquefois au prix de conséquences très douloureuses.
Jésus l’entend, il n’entend pas seulement le cri de cet homme, il entend battre son cœur, il comprend sa soif, il sait que c’est un mendiant, mais surtout un mendiant d’amour. Si Jésus nous appelle, c’est qu’il sait que nous sommes des mendiants d’amour. Et il est venu nous révéler que Dieu est amour.

C’est alors que se passe la rencontre. Un appel rencontre un autre appel. Le cri de l’homme rejoint l’appel de Dieu. C’est la rencontre entre Dieu et une personne. Oui, d’une personne ! Bernadette Soubirous disait de la Sainte Vierge : « Elle m’a regardée comme une personne ». Dieu nous regarde comme une personne. C’est-à-dire quelqu’un avec lequel il entre en relation. Et quelle relation ! Bartimée retrouve la vue. Certes, c’est essentiel. Mais surtout Bartimée retrouve sa dignité. Pas seulement sa dignité d’homme, mais la dignité suréminente de « devenir enfants de Dieu, adoptés par Dieu ». C’est exactement ce qui vous arrive aujourd’hui : un appel à devenir enfants de Dieu et à vivre en communion avec lui.

Quelle grâce ! Quelle chance ! Merci, mon Dieu, pour tant de tendresse !

+Michel Aupetit, archevêque de Paris.

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