Chrétiens d’Irak : « Des témoignages très forts de foi et d’espérance »

Paris Notre-Dame du 16 mars 2023

Du 5 au 8 mars, une délégation de la Conférence des évêques de France s’est rendue en Irak, accompagnée par l’Œuvre d’Orient. Retour sur ce voyage et pèlerinage avec Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris mais aussi ordinaire des catholiques orientaux en France.

Une délégation de la Conférence des évêques de France (CEF) s’est rendue en Irak, composée de Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims (Marne) et président de la CEF, Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen (Seine- Maritime) et du P. Hugues de Voillemont, secrétaire général et porte-parole de la CEF. La délégation était accompagnée par Mgr Pascal Gollnisch, directeur de l’OEuvre d’Orient.
© Œuvre d’Orient

Paris Notre-Dame – Qu’est-ce que vous retiendrez de ce premier voyage en Irak ?

Mgr Laurent Ulrich – La première chose qui me vient à l’esprit, c’est la rencontre, à Kirkouk, d’une jeune femme chrétienne, mariée et médecin qui a choisi de rester en Irak pour se mettre au service de son pays. Elle nous a été présentée car elle faisait partie des quelque 700 étudiants chassés de Mossoul par Daech, mais accueillis et soutenus financièrement à Kirkouk par Mgr Yousif Thomas Mirkis, archevêque de Kirkouk et Souleymanieh, grâce à de nombreux dons, notamment des chrétiens français et de la Conférence des évêques de France. À la violence de la guerre et du fanatisme, Mgr Mirkis avait choisi de répondre par la culture, en misant sur la formation de la jeunesse pour construire l’avenir de l’Irak. Ces étudiants, à l’image de cette jeune femme, ont désormais achevé leur formation, exercent leur métier et incarnent l’espoir d’un renouveau possible. Ce sont ces témoignages très forts de foi et d’espérance qui m’ont particulièrement touché.

P. N.-D. – Quel avenir pour les chrétiens d’Irak ?

L. U. – De même que l’Irak est différent d’avant-guerre, la présence chrétienne sera différente. Les chrétiens, qui étaient environ 1,5 million en 2003, ne sont désormais plus que 150 000. Mais le fait d’être une petite minorité n’empêche pas le désir d’être comme le levain dans la pâte et de porter des actions qui redonnent le courage à tous et ressuscitent le goût de l’avenir. J’ai aussi pu observer une vraie volonté d’unité entre les chrétiens : au-delà des traditions de chaque communauté, il y a une volonté d’être capables de vivre ensemble et d’offrir un vrai témoignage de vie évangélique. J’ai en mémoire cette phrase, prononcée par un chrétien irakien : « On comprend davantage aujourd’hui qu’être chrétien, ce n’est pas d’abord être préoccupé de nous-mêmes et de notre identité religieuse, mais de notre service des autres et de notre témoignage de foi au milieu des autres. » C’est très beau de constater que les plus grandes crises permettent de dire des choses si difficiles, à savoir que la foi chrétienne nous conduit à être au service de tous, comme témoignage de l’amour de Dieu pour tous.

P. N.-D. – Comme ordinaire des catholiques orientaux vivant en France, que vous a apporté ce voyage ?

L. U. – Je suis très heureux d’avoir participé à ce voyage à ce titre, et d’avoir pu mieux appréhender le lien profond entre les membres de ces communautés qui sont en France et ceux restés en Irak. Rencontrer ces chrétiens était très important et très fort pour moi dans la mission qui est la mienne auprès des communautés chaldéennes et syriaques-catholiques principalement dont j’ai la charge. À ces catholiques orientaux qui vivent dans notre pays, je veux redire mon attachement à leur permettre de se retrouver afin de maintenir leurs traditions, leur culture orientale chrétienne qui est une véritable richesse. En même temps, je les engage aussi à se faire connaître des paroisses catholiques latines, qui méconnaissent souvent les catholiques orientaux, afin que chaque communauté se rencontre, s’enrichisse mutuellement et tisse des relations authentiquement fraternelles.

Propos recueillis par Charlotte Reynaud

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